mardi 10 juin 2014

Vous voulez être aimé ? Soyez vulnérable !

Je ne sais pas si vous connaissez les TED talk. Les TED talks sont une série de conférences, qui ont lieu un peu partout dans le monde, et qui vous parlent de "Technology, Entertainment and Design"... Enfin à la base. Parce qu'en fait ça parle de bien plus que ça : de l'éducation, de l'amour, de la justice, etc. Ces conférences sont animées par des intervenants, qui exposent chacun un sujet court, de façon drôle, profonde, inspirante - les adjectifs me manquent. Dans des interventions de 5 à 20 minutes, ils couvrent un sujet précis, et bien souvent, ils vous retournent la tête au passage - en mode bam dans ta gueule, remets-toi de ça si t'es cap'.

Je serai amenée à vous parler assez souvent de ces TED talks, parce qu'ils sont une source permanente et sans cesse renouvelée d'inspiration dans ma vie de tous les jours. Certains m'ont fait réfléchir, d'autres ont été de vraies révélations, certains m'ont fait rire aux larmes, d'autres encore m'ont fait pleurer, pleurer... 

Le TED talk dont je veux vous parler aujourd'hui, je l'ai vu pour la première fois l'an dernier, dans une période où j'avais beaucoup de doutes sur moi-même, mes relations, ma vie ; et, comme je le fais souvent quand je lutte avec une réflexion, j'ai tendance à me retrancher dans ma tour d'ivoire, à ne parler à personne de mes problèmes, et à faire mon ours jusqu'à ce que ça aille mieux. Oui, mais voilà... Cette fois-ci ça ne fonctionnait pas : je n'allais pas mieux, et j'avais l'affreuse sensation de m'enfoncer lentement dans des sables mouvants. Autant vous dire que ce n'était pas du tout la fête à la maison : je pleurais souvent, j'avais perdu ma joie de vivre, mon humour, bref je n'avais littéralement plus goût à rien (j'ai arrêté de manger et perdu beaucoup de poids, mais vu que je n'ai jamais été maigre, au final disons que "à quelque chose malheur est bon").

Les sentiments qui prévalaient à l'époque étaient la peur - peur de rester à jamais dans cet état dépressif, de ne jamais retrouver la force et la paix intérieure - et la honte - honte d'être devenue cette femme pleurnicheuse, geignarde, incapable de s'intéresser à qui que ce soit, sans plus rien à offrir aux gens autour d'elle. Et plus j'avais peur, et honte, et plus je m'isolais.

Un jour, je suis tombée sur ce TED talk de Brené Brown (si si c'est son vrai nom, à moins que son père n'ait eu une calligraphie douteuse ?), intitulé "The Power of Vulnerability" ("le pouvoir de la vulnérabilité"). C'est un des meilleurs que j'ai jamais vu, et je peux vous dire que j'en ai chialé ma mère grave. Je veux pas vous gâcher votre plaisir, alors je vous laisse regarder, et je pense que vous comprendrez facilement pourquoi, en cette période particulière notamment, ça m'a intimement interpellée.

(Vous pouvez aussi voir la vidéo ici sur le site de TED, avec les sous-titres dans la langue de votre choix, même Estonien si vous voulez - croyez-moi, je viens de tester)



Suite à cette vidéo,j'ai osé m'ouvrir de mes difficultés à ma famille, à mes amis, qui ont été contents, et même - étrangement - reconnaissants de pouvoir m'être utile en m'écoutant, en me soutenant, en me rappelant que non, je n'étais pas une pleurnicheuse, que j'étais digne d'être aimée, que ce n'était qu'une mauvaise passe, et qu'ils m'aimaient et appréciaient de passer du temps avec moi, même quand je ne suis pas la rigolote de service ou la fille forte et bien dans ses baskets à qui on vient se confier dans les coups durs.

Au-delà de l'enseignement pratique et immédiat, cette vidéo m'a aussi ouvert les yeux sur le fait que j'essaie - j'essayais - toujours d'avoir l'air parfait, cohérente, de donner l'image de celle que rien n'atteint. Alors que personne n'attend ça de moi, et surtout, je crois que je tenais les gens à distance de cette manière : qui peut aimer ou s'identifier à une femme parfaite et lisse (Bree van de Kamp, quoi !), même si elle est intelligente, drôle, jolie (oui bon, la modestie ne fait pas partie de mes qualités, pourtant nombreuses). Les gens, pour se sentir connectés les uns aux autres, ont besoin de se sentir libres d'être eux-mêmes, et une personne quine s'autorise pas la moindre faiblesse est une personne qui, implicitement, par son attitude sinon ses paroles, déclare au monde "je ne tolère pas la moindre faille chez moi, et j'attends de vous que vous fassiez de même". Accepter d'être faillible, vulnérable, c'est finalement accepter de n'être qu'humain (pas Superman ni Wonderwoman), et autoriser les autres à l'être aussi. Et ça, c'est une p****n de pression en moins.

PS. Je dédie cet article à mes soeurs, qui ont su m'engueuler comme il fallait quand j'étais dans ma tour d'ivoire, et aussi à un ami, qui se reconnaîtra, qui se débat dans les mêmes troubles en ce moment - j'espère qu'il arrivera à s'en ouvrir.

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