samedi 14 juin 2014

Je ne suis pas faite pour être mère au foyer !

Que ce soit bien clair entre nous : j'ai la fibre maternelle, et j'adore mon fils (mon Dieu qu'il est beau cet enfant avec ses yeux gigantesques, sa peau dorée et ses boucles brunes). J'aime prendre soin de lui, aller avec lui au parc, aller me promener avec lui, avoir des conversations avec lui. Je suis en extase devant sa mémoire, son intelligence, sa curiosité insatiable, sa capacité à s'émerveiller de tout - "oh maman, regarde ! Mais regarde ! La voiture qui vient de passer, ses roues elles sont roses et jaunes ! T'as vu maman ? T'as vu ?"

Mais je ne suis pas du tout, DU TOUT faite pour être mère au foyer. Aujourd'hui par exemple, ça fait une semaine que je bosse de la maison et que j'ai le lardon avec moi H24, à l'exception des 3 heures par jour qu'il passe à l'école avec sa "mécresse". En fait non, j'exagère, il y a un soir où son père l'a pris pour aller avec lui chez des copains, et il l'a mis au lit à 1 heure du mat'. Une veille de jour d'école. Je vous raconte même pas le savon que je me suis pris par la "mécresse" le lendemain : il paraît que mon adorable bambin a été tellement insupportable qu'ils ont du recommencer par 4 fois la répétition du spectacle de l'école et qu'il a été menacé de ne pas y prendre part. La honte.

Oui, ho, ça va, hein. Si on peut plus rigoler...
Eh bien, après 7 jours non stop avec lui, j'avoue que je n'ai qu'une envie : m'en débarasser. Le refiler à ses grands parents (pas son père, ce traître, il est parti en weekend avec ses potes), à sa marraine, à la DDASS : peu importe du moment que je sois tranquille. Enfin. Par pitié.

C'est pas qu'il soit particulièrement pénible, en toute honnêteté. Il est capable de discuter avec ses tracteurs ou de lire un livre pendant une heure. Mais il est tout à fait capable également d'aller chercher des ciseaux pour découper la ceinture de la robe de chambre en flanelle de son grand-père. Si si, c'est véridique : j'ai trouvé les ciseaux et la ceinture en trois parties ce matin en rentrant du "pestacle" de l'école (où je dois par conscience maternelle reconnaître qu'il s'est bien comporté et m'a campé une petite abeille fort sérieuse). C'est juste qu'il demande une attention de tous les instants. S'il est calme pendant plus de 5 minutes, il y a probablement anguille sous roche. Voire baleine sous caillou.

On dit que le silence est d'or. Sauf quand on a des enfants : dans ce cas, le silence est suspect. Avoir un fils de cet âge, avec toute sa créativité artistique (spécialisation en peinture sur murs et mention "très bien" en déterrage de plantes), c'est être sur le qui-vive en permanence. C'est oublier toute vélléité de vie culturelle - lire plus de 3 pages d'affilée relève de l'exploit - ou de vie sociale - toute tentative de conversation avec une amie se verra nécessairement interrompue par un "ayéééé maman, j'ai fini, tu viens m'essuyer ?", quand elle ne se soldera pas purement et simplement par un "Marie-Charlotte, tu m'excuses ? Ce bruit caractéristique semble indiquer que ma chamante tête blonde vient d'envoyer son ballon percuter avec quelque force le miroir de la salle de bain" (oui, dans ma vie intérieure, mes copines sont snob et mon langage châtié. Mais je vous rassure, en vrai je parle normalement.) 

Or, il se trouve que moi j'aime ma vie sociale (surtout la partie où je bois des mojitos), ma vie culturelle (oui, regarder les dernières vidéo de bébé panda sur YouTube peut être qualifié de vie culturelle), et surtout j'aime le calme et la solitude (pas tout le temps, mais régulièrement). C'est indispensable. Ca me ressource. Et là tout de suite, j'ai l'impression de devenir folle. Je ne suis jamais seule, mes nuits sont trop courtes (oui, être réveillée à 6:34 un samedi matin, surtout quand on s'est couchée à 00:45 pour finir le dernier épisode de la saison 2 de Girls, c'est tôt). Et même si, sur le coup de 17:30, en bonne mère indigne que je suis, j'ai jeté l'éponge et je l'ai autorisé à regarder "le Bus Magique" sur mon ordi, ce petit monstre trouve quand même le moyen de me demander toutes les deux minutes si "tu peux mettre en pause maman ? Je veux aller aux toilettes. Ah, tu appuyer sur le bouton pour passer la pub ? Voiiiiilà. Super. Merci. Je te félicite." En plus, limite il se paye ma tronche, ce morveux.

Voilà. Tout pareil mais avec un atterrissage dans les fleurs.
Depuis que j'ai un fils, je comprends mieux mes parents. Mon père surtout, qui était père au foyer et nous a élevés. Pour plein de trucs. Par exemple : je comprends à présent à quel point ça devait être dur de nous gronder les fois où on avait rempli nos bottes de pluie avec l'arrosoir, pour vérifier l'étanchéité. Et qu'ensuite on a voulu les chausser, pour voir. Dans ce genre de cas, garder son sérieux est assez difficile. Comme la fois où mon fils a décidé de sauter en fosbury dans le parterre de fleurs magnifique du zoo de Berlin. Et qu'il a atterri à plat dos dans les tulipes, très content de son saut (je pense l'inscrire en athlétisme. Il est doué). Mais surtout, je comprends mieux la patience infinie qu'il a du avoir pour élever la demi-douzaine de gosses qu'on était (littéralement. La moitié de 12). Et à quel point il a du sacrifier ses propres intérêts et ses hobbies pour nous. 

Alors certes, c'est pas fait pour moi. Mais papa : merci. Et encore bravo.

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