Les pubs cultes : la saga Kiss Cool

Dans la série "vous passez trop de temps devant vos écrans", je voudrais... la saga Kiss Cool. Réaction de la petite copine de mon frère, qui m'écoute réfléchir à haute voix (oui je pense à haute voix, et je parle à mon chat aussi, ça vous défrise ?) : "Kiss Cool, attends, c'est quoi déjà ? C'est pas des chewing gum ?". Bon. En même temps elle a 19 ans, on lui pardonne, elle est petite, elle sait pas.

Kiss Cool, c'est l'exemple parfait du produit qui a eu plus de succès dans ses pubs que dans la vraie vie. Si vous ne vous souvenez vraiment pas, Kiss Cool, ce sont les pastilles à la menthe à la forme sortie tout droit de l'imagination d'un designer bourré qui se serait amusé un peu trop avec AutoCAD : un genre de heu... bouée carrée ? Doughnut orthogonal avec pas de trou au milieu ? Enfin bref. C'est pas mauvais, c'est frais, ça rappelle vaguement les pastilles Vichy de grand'Mamie, et donc ça n'a pas vraiment quoi que ce soit de bien révolutionnaire... Si ce n'est ses pubs, qui figurent en bonne place au palmarès des pubs les plus hilarantes du monde ENTIER. Sisi.

Comme chez Picasso (oui, comparer des bonbons à l'oeuvre du plus grand peintre de tous les temps c'est possible, on a le droit), il y a eu différentes périodes dans les pubs Kiss Cool. Rétrospective.

Kiss Cool, le seul bonbon double effet

Au commencement étaient... "Adam et Eve" (le hasard comme par hasard). Suivirent des pubs comme "La Mariée", "Le Désert" ou encore "Le Routier". Quand je parle du commencement, je vous parle quand même de 1988 - ce qui explique que les vidéos soient quasi introuvables sur YouTube ; heureusement, l'INA (Institut National de l'Audiovisuel), qui garde toutes les vidéos, y compris les plus pourries, vous les propose ici. 

On est d'accord, ça casse pas encore 3 pattes à un connard, comme dirait ma môman - qui, étant donné qu'elle dit un gros mot tous les 20 ans, est polie depuis environ 15 ans qu'elle nous a sorti ça. On n'en est qu'aux prémices de la saga ; se dégagent quand même déjà un petit côté absurde et décalé qui fera bientôt ses beaux jours.

Le lapin, le lapin !

C'est en 1995, avec le début de la série du lapin que la saga prend véritablement son envol. Souvenez-vous, avec cette série de 4 spots signés par Euro RSCG BETC (à vos souhaits), un homme déguisé en lapin essaie d'échapper à des chasseurs qui scandent "le lapin ! Le lapin !" J'étais au collège, c'était drôle, absurde, bref, super cool. Rappelez-vous qu'à l'époque, les pubs c'était plutôt limité côté saillies drôlatiques.

On a eu droit au lapin dans une salle de classe, dans un laboratoire, le lapin au citron... Bref, du lapin, en veux-tu ; n'en voilà. Mais on ne s'en lassait pas.

Kiss Cool, c'est frais, mais c'est pas grave : les bébêtes 3D

C'est pour ça que quand la marque a décidé de tuer le lapin (ils ont dû en faire un civet au citron), c'était quand même pas gagné d'avance, comme pari. Mais les meilleures choses ont une fin, et les blagues les plus courtes sont souvent les meilleures. Le meilleur, justement, reste à venir. La marque, toujours avec l'agence Euro RSCG BETC (à vos amours) a décidé de monter d'un cran question "port'nawak" et nous sort 3 spots animés complètement fous et délicieusement absurdes, starring des bestioles improbables baptisés de noms heu... créatifs.

Voici donc, en 1999, Blemish et Shmurk*...

... Qui au passage nous gratifient de deux réplique cultes (dans une seule pub, c'est ça aussi, le double effet Kiss Cool) : "c'est p'têt un p'ti peu fort pour toi, mon p'ti gars" et "j'peux m'réchauffer sous ton aisselle ?". En prime ils introduisent le slogan "Kiss Cool, c'est frais, mais c'est pas grave", qui finit d'établir la marque comme la reine du message absurde et fun. La pub est loin de passer inaperçue et sera d'ailleurs récompensée du Grand Prix Stratégies en l'an 2000.

Les mêmes Schmurks referont une apparition l'année suivante pour notre plus grand bonheur, et promouvront la version Mini à coup de "tiens, prends mes poils, c'est cadeau"  :

Toujours en 2000, rebelote avec le Gloïd et les Ouinches*, toujours aussi déjantés :

Et finalement, en 2001, on a Micheloupatrick et Helmut et Mutt*, qui se partagent un nez, juste pour le chouette effet Kiss Cool :

Pourquoi ça a marché ? Sûrement parce que ces petits animaux bizarres sont à la fois drôles, impertinents, décalés, stupides et tendres. Voilà, comme moi en fait. Comme à peu près tous les adolescents et jeunes adultes de l'époque, cibles marketing de la marque, qui se seront donc aisément approprié le message et son imaginaire.

*C'est pas moi qui ai inventé les noms, c'est l'agence. Moi j'avais un alibi, j'étais au cinéma. Si vous ne comprenez pas la phrase précédente, ne vous inquiétez pas, la série "c'est culte" reviendra bientôt avec un florilège des mini-séries les plus drôles.

Kiss Cool, le retour ?

Alors que Cadbury, propriétaire de la marque, avait décidé d'arrêter la distribution de la marque, et qu'elle était notoirement absente des écrans depuis plus de 10 ans, en 2013 la marque fait son come-back dans des pubs au slogan "Kiss Cool : le 1er effet, il est cool. Le 2ème, il est pas mal non plus", qui mettent en scène un homme-teckel à deux têtes ; c'est signé BDDP cette fois.

 Alors, top ou flop ? Personnellement je ne suis pas convaincue par le teckel, et la facilité de la réplique "ouh yeah !", à l'anglicisme un peu facile. Faut dire que Kiss Cool nous avait habitués à de la haute voltige question réplique qui claque et pub qui dépote. On attend donc les prochains épisodes...